10 dec. 2013

Catéchèse. Sainte Liturgie - 4.Le sacrement de la Parole



Aujourd'hui je souhaite partager avec vous ma lecture du quatrième chapître du livre de P. Alexandre (Schmemann) "L'Eucharistie, Sacrement du Royaume". Ce chapître a pour titre: le sacrement de la Parole.
Mais avant, je souhaite rappeler les conclusions des précédents chapîtres.

Les conclusions des précédents chapîtres


Dans le premier: le sacrement de l'Assemblée, le P. Alexandre montre que la synaxe, ou rassemblement, des fidèles est l'acte premier et fondamental de l'Eucharistie; sa condition première. En témoigne le structure dialoguée de la prière, le «nous» liturgique et le vocabulaire ancien: le nom de Proestos (président au sens de celui qui se tient devant) donné à celui qui conduit la célébration.
Dans le chapître suivant: le sacrement du Royaume, il nous indique le but, la finalité de cette célébration: la montée de l'Assemblée vers le Royaume (Bénis est le Règne....). Il en souligne la dimension cosmique (elle embrasse tout l'univers) et eschatologique (elle est orientée vers les réalités à venir).
Le sacrement de l'Entrée, troisième chapître, est consacré à l'histoire de l'évolution de l'entrée avec l 'Evangile; c'était dans les premiers siècles le début de la liturgie, soulignant l'aspect dynamique de la liturgie: sortie du monde mais aussi offrande du monde à son Crateur (Pour la Paix du monde...); exprimant la prière du Christ pour le monde.
C'est l'entrée dans le Royaume et la participation à la liturgie céleste avec le chant du trisagion: Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel… Chant des Anges sur la terre.

 Le Sacrement de la Parole 


Le P. Alexandre consacre le quatrième chapître au sacrement de la Parole et développe cet aspect en cinq parties. 
Tout d'abord il signale l'unité perdue entre les deux parties inséparables qui constituent la liturgie eucharistique: liturgie des catéchumènes et liturgie des fidèles. Cette disjonction est entrée tôt dans la théologie occidentale où la liturgie de la Parole n'est plus perçue comme nécessaire à la célébration des mystères mais elle a aussi imrégné les mentalités et la pratique du monde orthodoxe.
Les conséquences de cette rupture sont doubles.
  • D'une part sur la réception de l'Ecriture Sainte, avec la problèmatique des sources d'autorité en matière de foi: si l'Ecriture Sainte est l'autorité suprème, quel est le critère de l'Ecriture? C'est la science biblique et pour finir la raison humaine; si l'Eglise est l'autorité suprème, elle devient alors extérieure à l'Ecriture, et celle ci est réduite à n'être qu'une "matière première" pour les formulations théologiques.
  • D'autre part sur le sacrement qui cesse d'être biblique, évangélique. On s'interesse alors moins au contenu du sacrement qu'à son "mode", à son "efficace"; Se developpe l'intérêt pour la "présence réelle", le culte qu Saint Sacrement, la communion devient un moyen de sanctification individuelle, elle n'est plus preèçue comme la participation au "Calice du Seigneur"
Le P. Alexandre termine cette première partie en disant que le lien insécable entre Parole et Sacrement fait que l'être de l'Eglise se réalise comme incarnation du Verbe. "Séparé du Verbe, le Sacrement risque d'être conçu comme une opération magique et privé du Sacrement la Parole risque d'être réduite à une doctrine".

Puis l'auteur nous invite à réfléchir sur l'évolution du lieu de la Parole et de celui de l'Evangile. Dans l'église ancienne, après la procession de l'entrée où l'évêque entre dans le temple portant l'Evangile, conservé hors du temple, les clercs se placent sur le "bema", une estrade semi-circulaire faisant face à l'autel, au centre se trouve la chaire de l'évêque et, de nos jours encore, cette chaire a sa place dans la nef au millieu du peuple où est célébrée la liturgie de la Parole. Il y avait donc successivement l'entrée du clergé dans le temple, puis l'entrée au bema et enfin l'entrée dans le sanctuaire au moment de l'oblation (actuele grande entrée): "ces trois processions exprimaient le symbolisme fondamantal de l'assemblée écclésiale: sa montée vers le Royaume de Dieu"
Avec la fin des persécutions et la paix constantinienne l'Evangile est conservé dans le sanctuaire, sur l'autel et le bema disparaît progressivement, modifiant le rite de l'entrée avec l'Evangile. L'autel devient le centre des deux parties de la liturgie; aujourd'hui encore l'Evangile est porté hors du sanctuaire pour être lu au millieu du temple. Avant la lecture l'Evangile est encenssé car le "livre de l'Evangile est l'icône verbale de la manifestation et de la demeure parmi nous du Christ". L'entrée avec l'Evangile n'est pas une figuration d'un événement du passé; c'est la manifestation du Seigheur ressuscité.

Les parties 3 et 4 sont consacrées au déroulement de la liturgie de la parole.
Elle commence par l'annonce: Paix à tous et son répons: Et à ton esprit.
Il nous est rappelé ici que la Paix est le Nom du Christ, que c'est le Christ lui-même. (En occident la salutation est: le Seigneur soit avec vous..)
Le lecteur proclame alors le prokimenon, quelques versets de psaume aujourd'hui, mais autrefois un psaume entier exécuté en mode antiphonique (chant alterné); l'auteur nous rappelle la place éminente du Psautier dans l'Eglise ancienne: un des "sommets de la prophétie", une "révélation dans la révélation", une "exégèse inspirée de l'Ecriture". Les Psaumes sont la prière du Christ et par là celle de l'Eglise. Le prokimenon nous introduit au sacrement de la Parole, Parole qui s'adresse pas seulement à la raison mais aussi au cœur.

Le lecteur lit alors l'Apôtre, qui n'est plus précédé comme autrefois d'une lecture de l'Ancien Testamant. Le P. Alexandre note la déaffection et la méconnaissance des fidèles pour la Sainte Ecriture: "l'acathiste est infiniment plus populaire que la Sainte Ecriture. Or notre liturgie est essentiellement composée dans le ton biblique: il en résulte en fin de compte que l'on ne comprend pas non plus la liturgie..." 
La lecture de l'Apôtre est suivie de l'Alleluia (qui est un héritage du judaïsme): C'est un chant mélismatique (c'est à dire très orné), jubilatoire; où la mémodie l'emporte sur la parole. Il exprime le contact avec le transcendent. C'est une salutation (avant la proclamation de l'Evangile) à la manifestation du Seigneur.
Pendant l'Alleluia le prêtre encense le livre de l'Evangile et l'assemblée. L'Eglise a dépassé les réticences de ses débuts par rapport à l'encens (offert aux dieux et à l'empereur par les apostats) pour y trouver la parfaite expression du sacrifice de louange : "Que ma prière monte devant Toi comme l'encens..." (Ps. 140).

La prière lue par le prêtre avant de proclamer l'Evangile, "pour l'ouverture des yeux spirituels par l'envoi de la Lumière incorruptible de son Intelligence divine", permet au Père Alexandre de faire un parallèle avec l'épiclèse sur les dons. La lecture/audition de la Parole est aussi communion et nourriture : " L'homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu." (Matthieu IV 3-4)

Enfin, dans la partie 5, l'auteur aborde le problème de la prédication. Il n'hésite pas à parler d'une crise de la prédication. Selon lui elle ne doit ni expliquer, ni réfléchir sur l'Evangile; il faut précher l'Evangile lui-même, "non pas avec le prestige de la parole ou de la sagesse,... car j'ai décidé de ne rien savoir parmi vous sinon Jésus Christ et Jésus Christ crucufié... Et ma parole et ma prédication ne consistent pas en des discours persuasifs de la sagesse humaine, mais dans la manifestation de l'Esprit et dans sa force... afin que votre foi ne soit pas fondé sur la sagesse des hommes, mais sur la puissancede Dieu". (1 Cor II, 11-14).
Le Père Alexandre conclut:  "L'Eglise toute entière, manifestée et réalisée par l'assemblée liturgique, a seule l'intelligence du Christ. C'est seulement dans l'assemblée que tous les dons, tous les ministères s'actualisent avec leur unité indivisible comme des manifestations de l'unique Esprit qui emplit tout le Corps."
L'Amen de l'assemblée atteste la réception de la Parole et l'unanimité avec le prédicateur dans l'Esprit.

Résumé par Jean-Pierre Gerin

Niciun comentariu:

Trimiteți un comentariu